Mars 2017 : orgue Lingiardi à Saorge – 1847

Dans de magnifiques gorges escarpées, la rivière de la Roya a creusé son chemin. Depuis le Moyen-Age, la Route du Sel, partant de Nice et menant au Piémont, empruntait cette voie, qui fut plus tard aménagée et développée sous la domination savoyarde. Des villages se sont développés autour de ce commerce florissant qui profita également… aux orgues !
C’est dans le village perché de Saorge, en arc de cercle surplombant les gorges de la Roya, que l’on peut découvrir l’un des plus beaux de ces instruments ! Par des ruelles en dédale, des escaliers, en passant sous des voûtes, on peut grimper jusqu’à la place de l’église Saint-Sauveur.

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Et là, il suffit de pousser la porte… et d’avoir de la chance ! En levant les yeux vers la tribune où trône l’orgue, ô surprise ! Pas de tuyaux apparents, mais un rideau rouge : serait-il en réfection ? Mais voilà qu’il se met à jouer… et là, la magie peut commencer !

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Grâce à M. Xavier Sant, venu faire sonner l’orgue, le rideau s’est ouvert sur un instrument extraordinaire, de facture italienne, construit en 1847 par la maison Lingiardi de Pavie : le facteur d’orgues a dû être inspiré par les machines fantastiques de Léonard de Vinci pour concevoir cet instrument orchestral et sa mécanique d’horlogerie, entièrement fonctionnelle et précise.

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Comme le veut la facture italienne, l’orgue ne comporte qu’un clavier à octave courte, il est établi sur une base de jeux principaux étagés pour former le ripieno (rangée de tirants de droite) et possède aussi de nombreux jeux de concert, dont la voce umana (jeu soliste ondulant) et des accessoires (les campanelli : clochettes, les roulements de timbales…)

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Un pédalier à marches mais aussi toutes sortes de pédales en bois à droite et en métal à l’avant pour actionner des mécanismes d’accouplements ou d’appel de jeux…

IMG_3012_4_1 Pas moins de quatre abrégés au-dessus du clavier pour les divers accouplements et les campanelli.

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Autres particularités : un sommier à ressorts et non à registres, des tuyaux de montre harmoniques, des tuyaux de basses en bois polyphones (un tuyau peut produire deux notes différentes à l’aide d’un système de soupape, ce qui permet de gagner de la place).

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Même s’il doit falloir un peu de temps pour apprivoiser toutes les possibilités de cet orgue, on peut dès l’abord se faire très plaisir en jouant des canzone de Zipoli ou des toccatas de Frescobaldi : le clavier suspendu est très agréable, les sonorités des principaux et flûtes très belles.

Un très grand merci à M. Xavier Sant qui a spontanément partagé avec nous sa passion des orgues historiques. Et le rideau va se refermer…

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Pour en savoir plus sur les orgues de la Vallée de la Roya et la semaine de l’orgue italien à Saorge :     http://www.orgue-saorge.fr/

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