Ce jeudi 9 juin, le soleil faisait son apparition pour nous inviter à prendre la route des montagnes.
Là-haut, au cœur du village de Manigod, à 6 kilomètres de Thônes, notre petit groupe d’Uginois était accueilli par Eric Latour, venu d’Annecy pour nous présenter l’orgue de l’Eglise Saint-Pierre, un instrument exceptionnel dont la ville fête les vingt ans cette année.
Un grand merci à Eric, organiste à la Cathédrale d’Annecy et à Manigod, dont l’intervention a été unanimement appréciée, tant sur le plan pédagogique que musical : nous savons tout sur les tuyaux à bouche (qui fonctionnent comme des flûtes à bec), les tuyaux d’anches (une lame de laiton qui bat), la circulation du vent, la transmission mécanique par les abrégés…
L’orgue de Manigod est à voir et à entendre : le buffet de style italien, en noyer sculpté, impressionne dès l’abord par sa majesté, son équilibre et sa présence au sol dans la nef de l’église.
Installé en 1996, construit par Barthélémy FORMENTELLI, facteur d’orgues près de Vérone, en Italie, il comprend deux claviers aux touches plaquées de buis et un pédalier, et 22 jeux (plus de 1300 tuyaux). Les abrégés en métal (à l’italienne – photo) transmettent le mouvement des touches aux sommiers situés au-dessus des claviers pour le grand-orgue et sur la droite, dans le soubassement du buffet, pour le positif – photo).
Les tirants de registres présentent une disposition originale : tirants latéraux « à l’italienne » à gauche de la console (photo), tirants plus traditionnels à droite. Le choix des jeux est celui des orgues italiens qui permet d’étoffer un son en empilant des jeux qui lui apportent des harmoniques…
Eric nous a montré un échantillon de la grande variété de sonorités qu’offre l’orgue : le partage des claviers en Basse et Dessus, l’accouplement des deux claviers et du pédalier démultiplient les possibilités ; le ripieno (principaux) est idéal pour les fugues, la voce umana (son ondulant) a un son très doux, les jeux d’anches sont très présents… Et il ne faut pas oublier les deux jeux les plus originaux : le jeu de cloches et celui de rossignol (4 petits tuyaux qui baignent dans l’eau pour imiter le chant de l’oiseau – photo).
Cet instrument est parfaitement adapté à la musique de Frescobaldi et Bach ou Muffat ; Couperin et les classiques français s’invitent aussi avec bonheur : c’est assez difficile à expliquer, mais j’ai eu l’impression, après un temps d’apprivoisement (adaptation au toucher, à sentir sous les doigts cette mécanique qui s’actionne), que l’orgue aidait à jouer et à tirer le meilleur de la partition… Est-ce cela, pour un orgue, avoir une personnalité ?
Cette sympathique présentation s’est poursuivie sur le parvis autour de gâteaux et jus de fruits.
Si vous passez par Manigod sur la route de la Croix-Fry, pensez à vous arrêter au milieu du village et allez voir ce magnifique instrument : il y a dans l’entrée de l’église un grand panneau rassemblant les photos et explications sur la construction de l’orgue.